C’est l’histoire d’un tweet (encore ?)
C’est un sujet dont j’ai envie de parler depuis un certain temps déjà. Je l’ai déjà évoqué dans mon article “mes conseils aux nouveaux entrants dans l’IT”. Et puis voilà, ça m’a pris comme ça, j’en ai fait un thread Twitter en octobre dernier.
Le thread Twitter complet & les réactions
Mais pour exprimer une pensée complexe (ou nuancée), je préfère garder ce genre de réflexion sur mon propre blog. En voilà donc un post.
La question est donc : “comment est ce que je fais pour gérer de front : le taf, le blog et mes geekeries, mes loisirs (JV, séries, course à pied), les tâches ménagères, ma vie sociale et ma vie de famille ?”
Être un senior dans l’IT 👴🏻, ça aide
Ca fait souvent rire, mais senior étant un grade (parmi d’autres) dans les boites tech US / anglo-saxonnes, on est donc senior au bout de 5-6 ans d’expérience.
Note: si ça vous interpelle (comme ça a pu m’interpeller), je vous laisse aller voir le talk de Hugo Lassiege et Dimitri Baeli à Devoxx - Développ(eur|euse) Senior avec 6 ans d’expérience, et après ?.
Un des avantages (moi je trouve que c’est un avantage) à partir du grade senior, c’est qu’on attend de vous que vous soyez force de proposition. Par extension, ça veut dire qu’on attend de vous que vous fassiez votre propre veille technologique.
C’est votre plus-value par rapport à un débutant et normalement cette veille est (devrait être) faite sur votre temps de travail.
Au fil des ans, j’ai fini par trouver des emplois de plus en plus stimulants, avec de vrais projets et parfois des problèmes complexes :
- je bosse sur un sujet intéressant dans le cadre du boulot
- je tombe sur un écueil, quelque chose de mal documenté
- j’ai un sujet d’article en tête, à rédiger en rentrant à la maison
Hors des projets purement perso, ma veille est aujourd’hui faite “au boulot” et ça tombe bien, car c’est ce qui prend le plus de temps. La rédaction pure, c’est “rapide” à côté. Au final, mon blog perso ne me prend donc pas tant de temps que ça.
Note : oui, je sais ! Il existe encore beaucoup d’entreprises où on demande aux salariés de faire la veille techno hors de leur temps de travail. Je n’ai pas honte à dire que ces entreprises ou leurs managers ne vous méritent pas et que dans un marché en forte tension, vous avez le droit d’aller voir ailleurs.
Les conférences
“C’est pour le travail”
– What the cut
Au bout de quelques années, j’ai eu la chance d’être embauché dans une entreprise qui accorde beaucoup en valeur au travail nécessaire pour être “speaker” en conférences.
Car OUI, préparer, puis donner un talk en conférence, c’est aussi du travail.
En particulier si vous présentez un outil ou quelque chose que vous avez fait dans votre entreprise (un projet open source, un REX, etc).
Mais pas seulement !
Quand je prépare une conférence, je me documente. Je monte en expertise sur un sujet précis, utile (immédiatement ou pas) dans le cadre de mon travail.
Enfin, quand je le présente, je le fais en tant que salarié de mon entreprise.
Moi, en plein travail à Voxxed Days Luxembourg 2022
Vous avez peut-être entendu parler du terme “Marque employeur” dans la bouche de vos RHs / Talent acquisition specialists. On est en plein dedans.
Je fais de la “pub” pour l’entreprise, lui permets de rayonner, de montrer qu’elle compte dans le “game”. Je discute avec des participants, qui seront peut-être de futurs collègues, … Indirectement, je lui permets de recruter plus facilement.
A mon petit niveau (je ne suis pourtant pas quelqu’un de “connu”), j’ai déjà rencontré plusieurs candidats qui ont déclaré me connaître via mes talks (plus rarement, via mon blog).
Ca n’est évidemment pas ce qui va les décider à choisir mon entreprise plutôt qu’une autre. Mais ça participe à rassurer sur le fait qu’on laisse du temps aux salariés pour expérimenter (avec la possibilité que ça ne serve à rien), échanger, partager, sans que ça n’engendre directement un gain pour l’entreprise.
Quand on connaît le prix d’un recrutement dans la tech en cette période extra tendue, ça vaut le coup. Un bon chasseur de tête peut facturer l’équivalent de quelques mois de salaire pour le poste recruté.
Télétravail
Il ne vous aura pas échappé que nous, informaticiens, avons massivement profité de la généralisation du télétravail. Même si une partie des techs sont “revenus au bureau”, pour beaucoup, il reste a minima quelques jours de “TT” dans la semaine, durablement acquis.
Même en étant pas en télétravail complet, je profite à fond de cette évolution du monde du travail. Je pense “économiser” entre 1h30 et 2h par jour, entre les temps de trajets économisés, les lessives lancées pendant la pause café et les courses ou les petits travaux sur la pause déjeuner.
Tout ça, c’est du temps libre en plus, le soir.
Note : oui (bis), je sais. Il reste des entreprises qui pensent que les employés télétravaillent en bronzant sur la plage. Même remarque que plus haut, le marché nous est (pour l’instant) favorable, profitez-en.
Temps partiel
A titre personnel, j’ai préféré réduire mon temps de travail de 10% (et de réduire d’autant mon salaire) pour passer plus de temps avec ma fille. Je suis conscient que j’ai de la chance d’être dans la tech, car on a (globalement) des niveaux de salaire qui permettent de pouvoir envisager ce genre de choses (c’est plus dur au SMIC).
Concrêtement, je ne travaille pas un mercredi sur deux (peut-être plus, bientôt ?), avec tous les bénéfices que ça peut apporter (déconnecter, dormir plus, se détendre, profiter en famille).
Appellons ça un biais de confirmation, mais, à l’instar des expérimentations sur “la semaine de 4 jours” (Islande, LDLC), je ne me trouve pas moins productif que mes collègues à 100%, malgré mes jours de congés en plus ;-).
Si ce sujet vous intéresse, j’ai un peu plus détaillé en 2020 dans un REX après 1 an à 90%. J’en ferai probablement un autre dans les mois qui viennent, avec plus de recul (ça va faire 4 ans).
Conclusion ?
Mes activités de veille et de conf, chronophages, sont faites à la place du temps que j’aurais pu passer à monter des infras, traiter des tickets, conseiller mes collègues devs, etc, mais pas au détriment de mon temps personnel.
Pour autant, pour l’entreprise ce n’est pas du temps perdu. Je monte en compétence sur des sujets qui me sont utiles directement ou plus tard, et je participe à l’amélioration de la “marque employeur”.
Le télétravail me permet d’aller courir le midi 🏃 ou de m’occuper de la maison.
Mon temps partiel me permet de voir grandir ma fille (et de grandir avec elle), en plus des activités du weekend.
Le soir, je n’ai plus qu’à souffler ! Jouer à un jeu vidéo, voir une série ou écrire un article, si j’en ai envie (c’est pas toujours le cas et c’est OK).
D’un point de vue externe, si on ne sait pas tout ça, on peut se demander comment je fais. Et pourtant, la réalité, c’est que je ne passe pas plus de temps connecté au VPN de mon entreprise que la plupart d’entre vous.
Même si on ajoute le temps passé sur mon blog (qu’on peut voir comme du travail), je travaille toujours significativement moins que certains.
Plus globalement (au-delà de ma petite personne, donc), quand vous croisez des gens qui paraissent tout gérer, n’oubliez pas que vous ne savez pas tout de leur vie.
Peut-être qu’ils ont une organisation qui le leur permet ou n’ont pas certaines de vos contraintes. Ou alors peut-être que ce sont des aliens qui ne dorment que 5 heures par nuit et sont quand même en forme (j’en connais 😅).
Dans tous les cas, ne pas être comme eux, c’est OK. Et ça ne vaut certainement pas le coup de se flinguer la santé pour tenter d’y arriver.
Have fun.