Fin 2022, je faisais un bref article sur mes lectures des 12 mois précédents, et ça se résumait surtout à des livres techs.
Pour 2023-2024, je me suis dit que j’allais refaire l’exercice, car j’ai plus lu qu’en 2022, et surtout de manière plus variée.
Accelerate
A la toute fin de l’article de 2022, je disais que j’allais lire deux autres livres “techs”. People powered, et Accelerate.
J’ai discuté avec des collègues, qui m’ont convaincu de NE PAS lire Accelerate. En effet, sans l’avoir lu, je baigne depuis suffisamment longtemps dans des organisations qui en sont grandement inspirées pour en connaître les grandes lignes, ce que m’a confirmé d’ailleurs la lecture d’un résumé.
Je me suis récemment convaincu à nouveau que j’étais dans le vrai en lisant ce thread de Mathieu Corbin (lien mort, Mathieu a quitté Twitter, et moi aussi), qui vient de le lire.
People powered
Autre livre que j’avais dans ma liste de l’an dernier. J’ai mis beaucoup de temps à me lire et je ne l’ai d’ailleurs pas terminé.
On m’a conseillé ce livre de Jono Bacon (qui a été notamment responsable de faire monter la communauté d’Ubuntu dans le monde) car j’avais demandé des références pour animer et faire vivre une communauté de pratique (cf mon article sur les communautés de pratique).
Or, ce livre est un peu hors sujet. Si le début explique bien ce qu’est une communauté, comment on la construit et comment on la fait vivre, et donne des exemples très intéressants, il ne s’agit pas d’un livre destiné à un leader de communauté “bénévole” (ou disons “dont ce n’est pas le métier” dans mon cas).
Il s’agit d’un livre à destination d’équipes marketing, dont le but est commercial. Pas de jugement de valeur (il y a de très chouettes communautés pilotées par des entreprises avec un but commercial), mais ce n’était pas ce que je cherchais.
Osez la semaine de 4 jours
Le livre de Laurent De La Clergerie, énigmatique patron de LDLC, qui prône une vision de la qualité de vie au travail que les patrons du CAC40 pourraient qualifier d’extrémiste.
Non seulement il prône la semaine de 4 jours, avec réduction horaire (35 => 32h) et sans réduction de salaire, mais en plus il a mis en place des congés “second parent” très généreux par rapport à ce qui se fait en France et encore bien d’autres choses pour améliorer l’égalité femmes-hommes au sein de son entreprise.
Un social traitre parmi la caste des patrons, en somme.
Au fil du livre, Laurent explique le cheminement qui l’a fait arriver à cette décision, puis comment elle a été mise en place. Il parle des craintes de l’équipe dirigeante, mais aussi de certain⋅es salarié⋅es. Il parle également des défis qui ont dûs être relevés et du bilan (extrêmement positif) qu’il en retire en tant que chef d’entreprise.
Selon lui, non seulement la semaine de 4 jours ne lui a pas couté de l’argent, elle lui en fait gagner, car selon lui la productivité est globalement meilleure sur 4 jours que sur 5.
Si jamais ce livre vous intéresse, vous avez de la chance. Vous pouvez soit :
- le lire gratuitement en PDF car Laurent de la Clergerie l’a mis à disposition gratuitement depuis peu
- aller voir le replay d’une conférence à Cloud Alpes où il explique en résumé le contenu du livre
Nos mutineries
Nos mutineries, BD féministe écrite par Eve Cambreleng et Blanche Sabbah se veut être un recueil de “réponses imparables aux idées reçues sur le féminisme”.
Par exemple :
- « J’ai rien contre les féministes, mais faut pas être extrême. »
- « Quand même, il faut séparer l’homme de l’artiste ! »
- « De toute façon, on peut plus rien dire. »
Globalement la BD est top, très drôle. Même en me renseignant et en m’intéressant à ces sujets, j’ai forcément appris des choses. D’ailleurs, ce livre se veut un peu comme une introduction à tous les pans du féminisme, et donne beaucoup de références pour aller creuser plus loin certains sujets particuliers.
Dans certains chapitres, je suis resté un peu sur ma faim par rapport à la promesse d’avoir des “arguments imparables” (comme sur l’explication du fait qu’il ne faut pas prendre personnellement le “Not All Men”).
Mais comme première introduction à pourquoi le féminisme est important de nos jours, c’est clairement top. A mettre en toutes les mains, même le tonton macho réac.
J’y vais mais j’ai peur
Pour donner un peu de contexte, ma famille est originaire des Sables d’Olonne, et pour moi le Vendée Globe, c’est une religion. Je suivais avec mes parents les tous premiers sur une mapemonde dans ma chambre, où nous déplacions à la main toutes les semaines des petits drapeaux à l’aide des coordonnées des navigateurs. J’ai aussi suivi en bateau plusieurs départs et de nombreuses arrivées.
J’y vais, mais j’ai peur est une BD relatant le Vendée Globe 2020 de Clarisse Crémer, une ex-cadre en quête de sens qui a tout plaqué pour faire de la voile et qui raconte comment, de navigatrice amateur, elle s’est faites embarquée dans un Vendée Globe (3 mois en solitaire au départ des Sables d’Olonne).
Les dessins sont beaux, c’est un récit émouvant d’une navigatrice qui fait le tour du monde. On y apprend beaucoup de choses sur les coulisses d’une préparation à un événement sportif de cette ampleur, avec l’équipe technique, et sur la façon dont se déroule cette traversée, dans la tête de la navigatrice.
Inspirant.
Climax
J’ai aussi lu plusieurs romans. Le premier c’était Climax, un roman de Thomas B. Reverdy.
Sans spoiler quoique ce soit, le roman relate l’histoire de plusieurs personnes vivant dans une communauté proche du cercle polaire en Norvège. Le récit mêle habilement présent, passé, considérations écologiques, tensions économiques et de manière plus étonnante : jeu de rôle.
C’est vraiment ce mélange qui m’a scotché, et j’ai dévoré le livre alors qu’il ne m’attirait pas du tout, au début.
Le procès
En allant chez un ami il y a des années, j’ai par hasard ouvert une page du procès de Kafka. Je n’avais jamais lu de Kafka et au-delà de l’expression “kafkaïen”, je n’avais qu’une vague idée d’à quoi m’attendre.
Ce que j’y ai lu était tellement absurde que ça m’a donné envie de le lire. Envie qui a été d’ailleurs renforcée par une visite au Musée Kafka à Prague, où j’ai découvert à quel point Kafka était torturé.
Mais je n’avais jamais pris le temps de le faire et maintenant c’est chose faite.
Le procès a été publié à partir d’un manuscrit inachevé et ça se sent, même si l’absurde et l’incompréhensible auraient quand même fait partie de l’oeuvre, si elle avait été achevée.
Passé la fascination des premières pages, j’ai quand même eu du mal à le finir. Mais je comprends que ce soit considéré comme un chef d’oeuvre de la littérature.
Humus
Roman que je viens de terminer. Humus, de Gaspard Koenig a reçu plusieurs petits “prix”.
Là encore, sans trop spoiler (on comprend très vite) il s’agit d’une bromance entre deux étudiants en agro qui réalisent la futilité de leurs propres combats pour l’écologie, chacun à sa manière.
Le roman est très plaisant, bien construit, visiblement bien documenté. Sorti en aout 2023, il mêle habilement des choses qui se passeny, se sont passés, où allaient tout juste se passer dans le monde réel, ce qui ancre le récit dans une réalité alternative crédible.
Seule déception, l’avant-dernier et l’avant-avant dernier chapitres, qui m’ont parus “hors sol” et qui gâchent le plaisir en détruisant toute la crédibilité du livre dans le dénouement (à mon goût).
Ca reste un bon roman.