Après toutes ces années à vous parler de Kubernetes, de containers et d’infrastructure, j’ai pensé qu’il était temps de vous révéler quelques petits secrets sur votre humble serviteur. Parce que derrière chaque nerd se cache parfois des surprises…
1. J’ai brièvement monté une entreprise en 2013-2014 qui n’a jamais eu un seul client
Ah, l’entrepreneuriat ! Ce rêve français de monter sa boîte entre copains et de révolutionner le monde. En 2013, avec 4 ex-collègues, nous étions pleins d’optimisme et convaincus que nous allions changer la donne.
L’idée ? Créer une ESN (Entreprise de Services du Numérique) qui capitaliserait fortement sur notre expertise en logiciels libres et open source pour faire de l’infogérance. Sur le papier, c’était génial : nous étions tous compétents techniquement, nous avions de l’expérience, et on se pensait plus malins que tout le monde.
Dovosys était créée !
Nous avons même intégré une pépinière d’entreprise pour nous accompagner dans cette aventure. Mais très vite, la réalité nous a rattrapés…
D’abord, nous étions tous en poste (et tous insatisfaits de ces postes) mais aucun d’entre nous n’était prêt à faire les sacrifices nécessaires pour vraiment démarrer l’activité. Le mieux aurait été qu’un d’entre nous démissionne pour bootstraper l’entreprise et chercher activement des clients, mais personne n’a osé franchir le pas. Donc tout était fait en cachette sur les pauses ou le soir. Fake it until you make it ça marche pas souvent super bien.
Ensuite, prendre des décisions à 5 (rapidement 4 car une des membres est partie dès le début), c’est un cauchemar. Les travaux n’étaient pas faits en temps et en heure. Certaines tàches n’étaient pas faites en temps et en heure. L’accompagnement de la pépinière n’était pas extraordinaire non plus, probablement du fait de notre manque de disponibilité en heures ouvrées.
À vrai dire, le mieux aurait été que je crée la boîte tout seul. Avec le recul, j’ai monté toute l’infra de virtualisation, écrit la plupart des parties techniques sur les dossiers, pondu la plupart des réponses aux appels d’offres publics…
Au final, nous n’avons jamais eu un seul client, et il a fallu clôturer l’entreprise. Sauf que l’entreprise n’a pas été correctement clôturée et je l’ai découvert un an plus tard quand les impôts ont toqué à notre porte… avec des pénalités de retard (un chiffre d’affaire à 0 n’empêche pas de payer certaines taxes).
A ce moment là (autour de 2015), mes associés étant totalement désengagés, j’ai dû faire tout le travail administratif de dissolution et liquidation tout seul. Un vrai parcours du combattant que j’ai d’ailleurs documenté dans deux articles détaillés : la dissolution et la liquidation, probablement plus à jour mais représentatif de ma galère.
Bref, cette aventure est une leçon d’humilité qui m’a appris que l’entrepreneuriat, ce n’est pas si facile, et que ce n’est certainement pas que de la technique. S’associer, en particulier avec des copains, c’est probablement souvent plus compliqué que prévu.
Je ne dirais pas que c’est un échec, je dirais que ça… ouais, en fait si, c’est un échec.
Les deux seuls points positifs que j’en retire :
- avoir pu rencontrer des gens qui ont eu la même idée, en même temps, mais qui eux s’en sont sortis. Coucou Alexis, la bise à Sysnove (je ne sais pas si tu te souviens de moi, cela dit).
- avoir pu en profiter pour me payer un avocat du travail pour décortiquer mon contrat de travail de l’époque (abusif sur plusieurs points). J’ai appris plusieurs tips sur le droit du travail à cette occasion :-p.
Note : j’ai tout gardé, les fichiers et les documents, je retombe dessus parfois, ça fait bizarre.
2. J’ai longtemps souffert d’anxiété sociale, que j’ai “soignée” à grand coup de conférences tech
Une timidité* handicapante (*c’était pas ça le bon terme)
Voilà quelque chose que beaucoup de mes collègues ou amis ont du mal à croire quand je le raconte : je suis quelqu’un qui était, petit, très timide et réservé. Aller parler à des gens que je connais est parfois difficile, et alors les gens que je ne connais pas, n’en parlons pas. J’avais peu d’amis, en partie parce que garçon dans la cours de récrée dans les années 90, il fallait parler fort, faire le chef, n’avoir peur de rien. Des trucs de garçon, quoi. Tout l’inverse de moi.
Pendant longtemps, je me suis donc catégorisé comme “timide” faute de mieux. Je ne savais pas décrire ce que je ressentais réellement. Plus tard, j’ai aussi cru que j’étais “introverti”, mais ce n’était toujours pas ça (je le suis un peu aussi, mais ce n’est pas le fond du problème). En réalité, le vrai “mal” qui m’handicapait, c’était probablement plutôt de l’anxiété sociale, mais j’ai découvert ce terme très tard.
Devenu adulte, cette “timidité” est devenue franchement handicapante. Dans mon premier travail, il fallait parfois que j’appelle des clients et l’idée de décrocher le téléphone pour les appeler (et peut-être les déranger, ou pire, me tromper de numéro !) m’angoissait, au point de ne pas traiter les tickets dans les SLA fixés.
Une autre anecdote qui illustre bien mes difficultés : un soir, mes amis m’ont demandé de commander des pizzas. Je n’ai pas pu le faire en ligne, donc il fallait téléphoner. J’étais tellement mal à l’aise que j’ai appelé d’une toute petite voix, comme un enfant qui aurait fait une bêtise.
Mes copains m’ont charrié (ne sachant pas que c’était un obstacle difficile pour moi) pendant des années en mimant régulièrement cette scène et en déformant mes paroles : “Bonjour, je m’appelle Denis et je voudrais commander des pizzas”, avec une petite voix de gamin penaud.
Ça ne m’a jamais fait rire.
Le déclic des conférences tech
Le truc qui m’a vraiment aidé, c’est de commencer à faire des conférences tech. J’étais en admiration pour certains speakers, en particulier ceux se qualifiant ouvertement d’introvertis. Si eux pouvaient le faire, moi aussi, non ?
Et je me suis rapidement rendu compte que c’était une excellente idée. Quand on monte sur scène, une fois le trac initial passé, la foule n’est pas vraiment effrayante, c’est une masse informe et silencieuse. Mais surtout, être speaker et avoir des difficultés sociales confère un super pouvoir : celui de ne pas avoir à aller VERS les gens. C’est eux qui viennent vers vous, et pour vous parler du sujet dont vous venez de parler et que vous maîtrisez.
Cette technique m’a permis de parler avec une quantité incroyable d’inconnus (et même de me faire quelques copains de conf) et aujourd’hui, j’ai beaucoup moins de mal à aller voir un groupe de personnes en pleine discussion et à entamer la conversation. Même si ça me demande toujours un effort et que je me sens toujours un peu idiot, avec cette peur de déranger.
L’ironie, c’est que celui qui n’arrivait pas à commander des pizzas au téléphone donne des confs devant 800 personnes ou tape la discute avec le PDG de l’entreprise qui l’emploie !
Alors ok, ça fait un peu “bullshit LinkedIn” mais cette anecdote est 100% vraie, comme les deux autres.
3. D’où vient mon pseudo “zwindler”
Last but not least, l’origine de mon pseudo ! J’ai eu cette question tellement de fois que j’ai décidé de l’immortaliser ici. Certaines personnes que j’ai rencontrées en vrai après qu’on a échangé sur les réseaux sociaux pensaient même que “zwindler” était mon nom de famille !
En fait, ça vient tout simplement d’un jeu vidéo, mais l’histoire est plus complexe qu’un ado qui a choisi un handle au hasard, avec des Z et des R pour faire cool.
Ça date de l’époque où j’étais étudiant et que je jouais beaucoup à Counter-Strike Source. Malgré des centaines d’heures de jeu (j’avais beaucoup trop de temps libre lol), j’étais assez mauvais, même sur des serveurs pas particulièrement compétitifs.
Pour sortir mon épingle du jeu et éviter la frustration de toujours me faire “headshot” en suivant les tactiques classiques comme tout le monde, je me suis mis à expérimenter : me déplacer dans la map de façon non conventionnelle, me cacher dans des coins inhabituels, utiliser des armes boudées par les autres joueurs (pas de Deagle + M4 + HE + casque pour moi).
Je ne vais pas mentir, souvent ça ne marchait pas, en particulier contre des “pros”. Mais de temps en temps, ça me permettait quelques coups d’éclat où j’arrivais à renverser le cours de la partie quasiment à moi tout seul, grâce à l’effet de surprise et un peu de créativité (genre, balayer 5 ou 6 membres de l’équipe adverse à moi tout seul en 12v12).
Mes amis ont pris l’habitude de m’appeler “l’escroc” car ils étaient agacés de perdre dans ces conditions. Le surnom est resté et j’ai voulu l’angliciser en “swindler”. Le pseudo étant déjà pris sur de nombreux réseaux sociaux, j’ai donc simplement changé “swindler” en “zwindler” (et parfois zwindl3r quand zwindler est pris, comme sur discord ou twitch par exemple).
Et puis les années ont passé, le pseudo a suivi mes pérégrinations numériques : ce blog, Twitter, GitHub… Et aujourd’hui, il n’est pas rare qu’on me connaisse mieux sous le pseudo “zwindler” que sous mon vrai prénom ! C’est d’ailleurs pour cette raison que j’avais fait imprimer des stickers avec écrit @zwindler pour les coller sur les badges de confs. Je ne compte plus le nombre de “Aaah mais c’est TOI zwindler !” que j’ai entendu.
Fun fact : en 2015, mes collègues blaguaient que j’étais un “expert en malinerie”, à la fois en référence à Denis la Malice (ça m’a suivi un moment), mais aussi et surtout pour ma capacité à trouver des solutions créatives à des problèmes complexes. Trait que j’ai su conserver en milieu pro :)
Voilà, maintenant vous savez tout !
Enfin, presque. Il faut bien que je garde quelques mystères pour les prochains articles…