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Au secours, le métier d’Ops va ENCORE disparaître ! (5 ans après)

Suite à mon article de 2020 sur la supposée disparition du métier d’Ops, retour sur les prédictions ratées et sur la manière dont les métiers techniques évoluent plutôt que de disparaître.

Ecrit par ~ zwindler ~

Note : cet article est la suite d’un long post de 2020 qui s’appelait Au secours, le métier d’Ops va disparaître ! Je parlais notamment (mais pas que) d’une prédiction de Gartner qui annonçait la fin des ingé sto en 2025. Mais qu’en est il, maintenant qu’on y est ? Et qu’est-ce que ça dit de ce genre de prédictions ?

Introduction

Musique de film catastrophe et voix off grave

Nous sommes en 2025. Exactement comme Gartner l’avait prédit en 2019, il est aujourd’hui impossible de trouver un emploi en tant qu’ingénieur stockage. 💀💀💀

(Pour rappel)

“Le cloud et l’hyperconvergence ont à ce point réduit la demande pour des spécialistes du stockage que, d’ici à cinq ans, il sera tout simplement impossible de trouver un tel profil sur le marché de l’emploi.”

  • Operations & Cloud Strategies, Gartner, fin 2019

…Oh. Wait. 😵

(Ça fait 5 ans que j’attends de pouvoir faire ce post 😆)

Cette prédiction qui semblait déjà tirée par les cheveux à l’époque… l’est encore plus aujourd’hui.

Non seulement il y a encore beaucoup d’ingénieurs stockage, en France et ailleurs, mais le marché regorge d’offres (des centaines sur le site de l’APEC), y compris sur d’autres techno de stockage (Ceph ? S3 ?) qui tirent la demande vers le haut.

Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de prophétie :

  • 2013 : on m’explique que je dois “vite devenir développeur” car avec l’adoption du cloud, il n’y aurait bientôt plus de sysadmins. On en rigolait alors, on en rigole toujours.
  • 2020-ish : le nocode allait “tuer” le développement traditionnel. Oui car tu comprends, on peut recoder Airbnb en 2 jours sans coder une ligne sur Bubble. M-D-R.
  • Début 2024 : un influenceur IA (sûrement un reconverti NFT ?) sur LinkedIn annonçait que GPT-4o “allait plier le game du développement” en 6 mois. Verdict : coder uniquement avec GPT-4o reste… une expérience (je reste poli). On verra avec GPT-5 :trollface:

Les remarques que j’ai reçues

J’ai posté une version plus courte de ce billet sur les réseaux sociaux et voilà quelques réflexions intéressantes que j’ai reçu en échange :

  • “Les experts SAN ne pouvaient pas disparaître en 5 ans, ce n’était pas sérieux comme prédiction.”
  • “J’ai même l’impression que la ddemande d’experts stockage augmente, notamment parce qu’il faut aussi des experts Ceph ou S3, plus seulement NAS/SAN.”
  • “Les offres de sysadmin ‘traditionnel’ se raréfient drastiquement… mais j’imagine que le métier évolue.”
  • “Il y a 5 ans, je faisais surtout du stockage traditionnel. A mon échelle, l’hyperconvergence a effectivement changé la donne et m’a poussé à évoluer… mais ça disparaîtra peut-être un jour à son tour.”

C’est un poil plus complexe que mon “c’est débile comme prédiction”, je vous l’accorde volontiers 😉

Et je suis totalement d’accord : le métier évolue. C’était d’ailleurs la conclusion de mon blogpost de 2020. Comme quoi je n’étais pas totalement à côté de la plaque.

Il est vrai de dire qu’un poste de sysadmin “comme en 2013", c’est devenu plus rare, surtout dans les grosses structures. Et en vrai de ce que je me souviens d’une partie de mes tâches de 2013, c’est peut être pas dommage (coucou les intalls de softs sous Windows server en déroulant des docx maison avec les mdp en dur)…

Mais dans les petites boîtes, il reste encore de la demande pour des profils plus généralistes, épaulés par plus d’outillage qu’avant.

Prendre du recul

Ce qui est amusant (ou agaçant ?), c’est que ces annonces de “fin du métier” reviennent régulièrement, souvent lancées par des gens pas sérieux.

Mais ce n’est pas toujours le cas ! Ici, on est face au supposé sérieux des analystes de chez Gartner (même si les PPTs de McKinsey sont passés par là).

Même si Gartner est de moins en moins unefigure d’autorité, j’aurais plutôt dit que c’était le genre d’annonces qu’un board aurait pu prendre (à tort) au sérieux. Alors que c’était évidemment cavalier comme prédiction.

Les faits montrent que :

  • Les métiers (notamment techniques) ne disparaissent pas brutalement, ils ont plutôt tendance à muter.
  • Chaque vague technologique supprime des tâches répétitives… mais crée aussi de nouvelles couches de complexité. Oui, expert Kubernetes, c’est mon métier 🤣.
  • Ceux qui connaissent le “fond” technique finissent toujours par être nécessaires, même quand la surface change.

On pourrait penser que la GenAI est différente (en tout cas, je me le suis demandé) : pendant un temps, elle a semblé être une vraie technologie de rupture, capable de bouleverser certains métiers, et pas seulement dans la tech.

Et dans l’infra ???

On parle très souvent des avancées récentes de la GenAI dans le code. Mais Quid de la GenAI dans administration système : fantasme ou vraie révolution ?

Mon avis est clairement que “c’est nul” aujourd’hui (oui je suis visiblement fatigué de la nuance aujourd’hui), et c’est ce que j’ai partagé à plusieurs personnes. Les réactions ont été intéressantes.

A mon avis, pourquoi ça coince ?

Les LLMs s’appuient sur un mélange de probabilité et du contexte fourni. Sur des sujets très spécifiques (ex : “une grosse base mélangée de docs, code et IaC pour un gros SaaS multi-tenant”), ils sortent rarement quelque chose de directement exploitable.

Les datasets d’infra sont pauvres : la plupart des configs ou procédures ne sont pas publiques contrairement au code, donc les modèles manquent d’exemples pertinents.

L’infra a mille façons d’être faite, et il y a rarement de pattern adaptable à de nombreux contextes, ce qui rend la généralisation encore plus bancale.

Mais on m’a quand meme remonté quelques cas où ça marche mieux :

  • Génération de scripts bash, “curler” des APIs, pondre une grande quantité d’IaC (exemple avec du code Terraform) à partir de l’existant.
  • Investigation ponctuelle : certains m’ont cité GPT o3 ou Claude Code capables de trouver des problèmes de config que l’humain n’avait pas vus.
  • Automatisation de tâches pénibles ou répétitives.

Mon expérience perso :

Oui, en “pair programming” pour construire, ça marche si on y va vraiment trèèès progressivement… mais c’est lent au point que parfois je me dis que j’aurais mieux fait de le faire moi-même.

Pour du day 2 ops (debug, maintien en conditions opérationnelles, gestion d’incidents), ça reste loin du compte, même si des agents SRE commencent à pointer le bout du nez… Mais j’attends encore de voir un “agent SRE” qui fait bien le job la plupart du temps… sans casser la prod pendant que je dors !

Conclusion

Après plus de deux ans de hype intense, la réalité me semble plus nuancée : oui, le cloud et maintenant la GenAI commencent à chahuter nos métiers, parfois spectaculairement, mais on est loin de provoquer la disparition massive et soudaine (pas que dans la tech) de tout un pan de la tech actuelle (ex. les ingés sto).

L’expérience montre que, si changement il y a, il sera progressif et laissera le temps de s’adapter.

Bref, on n’est pas encore remplacés.

Peut-être qu’un jour, une prédiction de ce genre sera juste. Mais l’histoire récente invite surtout à rester prudent… et à ne pas paniquer à chaque annonce catastrophiste.

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