Mon premier DevFest Nantes !

Comme vous l’attendez tous (oui, je le sais), je suis obligé de rédiger, dans le train, mon traditionnel “récap’ de conf”, ici pour le DevFest Nantes 2025 !

Pour rappel, c’était une double première pour moi : je n’avais jamais participé à cette conférence en particulier, et je n’avais jamais présenté de sujet “en duo”.

Dasha Ilina - Advice well taken

Dasha Ilina, artiste techno-critique (si j’ai bien saisi le terme), a ouvert le DevFest avec une keynote intéressante sur le folklore technologique moderne.

https://dashailina.com/

Son point de départ : nous développons peu à peu un nouveau type de folklore autour de la technologie - le “techlore”.

Elle a exploré comment nous créons des mythes technologiques modernes (Cher est convaincue que son iPad était “hanté” ???), alors que nous ne comprendrions plus vraiment comment fonctionnent nos outils quotidiens.

Dasha a évoqué les promesses oubliées des débuts d’Internet, en citant le “Whole Earth Catalog” publié au début d’Internet (modes de vie alternatifs, DIY), précurseur d’Internet dans la façon dont l’information était créée et diffusée.

Elle a également parlé de ses projets artistiques autour des mythes technologiques contemporains : “Cover your camera”, “Smartphone tombé dans l’eau qu’on met dans le riz”, “My cell phone is spying on me”.

Particulièrement intéressant : son concept de “contestation café” - un lieu pour récolter des histoires de traitement injuste algorithmique et systèmes décisionnels. Pas comme un repair café pour apprendre à faire, mais pour trouver collectivement comment lutter contre les algorithmes.

Je ne me suis pas retrouvé dans la totalité de ses positions, mais c’était certainement intéressant d’avoir le point de vue extérieur d’une non technicienne sur le monde technologique que nous contribuons, nous techs, à créer.

Select amazing feature FROM PostgreSQL

À 10h00, Kevin Davin nous a fait découvrir les trésors cachés de PostgreSQL.

Kevin a commencé par un petit historique de PostgreSQL, dont j’ignorais les racines.

Ce qui m’a marqué dans cette présentation, c’est la richesse de PostgreSQL au-delà du SQL classique :

Common Table Expressions (CTE) pour améliorer la lisibilité du code, avec exécution en parallèle
FILTER pour mettre les données dans plusieurs buckets avec count(*)
row_number() pour la déduplication et récupérer les dernières locations de films
LEFT JOIN LATERAL pour des jointures plus sophistiquées
UUID pour protéger des attaques par énumération (au lieu des classiques serial)
Contraintes regex POSIX pour valider le format des données (exemple avec l’ISAN)
LISTEN/NOTIFY pour de la messagerie en temps réel
ltree pour gérer des arborescences (exemple donné : les films Terminator non linéaires)
Foreign Data Wrapper - exemple parlant avec /etc/passwd exposé comme une table, avec des exemples plus concrets ensuite
Full text search natif dans PostgreSQL
JSONB pour du NoSQL dans du SQL

Kevin a terminé en citant des outils comme ferretDB (surcouche à PG compatible MongoDB), postgREST et graphjin qui exposent les tables sous forme REST.

Super présentation, très dense (plus de 150 slides). Et surtout, il a su résister courageusement à de gros problèmes de clignottement (voire extinction) d’écran. Expliquer du SQL en slideless, chapeau !

Talk que j’aurais voulu voir en même temps : From Flatcar dev to proxmox Deployment

La science peut-elle s’implémenter positivement ?

À 14h00, m4dz et Nicolas Delsaux ont proposé une réflexion philosophique sur l’intelligence artificielle.

Leur point de départ : “L’intelligence artificielle est partout, surtout dans les talks qu’on va voir cet après-midi…”. Pourtant, c’est un vieux sujet !

Ils ont exploré des questions fondamentales :

Peut-on détecter une conscience dans un LLM ?
Comment définit-on la pensée ? (Question philosophique ET neuroscientifique)
Qu’est-ce que la “théorie de l’esprit” ?

Ils ont cité le film “Her” et évoqué des exemples troublants comme les “chiens robots” AIBO, et des conséquences psychologiques que ça a eu quand Sony a décidé de couper les serveurs (le robot-chien est “mort”). Le concept de “seemingly human” : l’impression que l’attention est portée, le sentiment d’attente. C’est ce qui crée des dark patterns.

Ils ont revisité les 3 lois de la robotique et cité le Dune d’Herbert : “Tu ne feras pas de machine à l’image de l’esprit humain.”

Conclusion forte : ça nous libère de la singularité/AGI ! Ils ont évoqué “l’asservissement volontaire” (Alain Damasio, “La zone du dehors”) - vrai pour les données personnelles, mais aussi avec l’IA.

Référence intéressante au “techno-féodalisme” de Yanis Varoufakis et au livre “CLEER” qui montre que la réalité n’est pas la même selon les échelons sociaux. J’ai envie de lire ce dernier, d’ailleurs !

Je ne m’attendais pas du tout à ça, mais c’était une session rafraîchissante qui posait les vraies questions (plus qu’elle n’y répond 😏) !

Let’s play Factorio

À 15h10, Julien Wittouck nous a proposé une analogie brillante et ludique entre divers concepts d’ingénierie logicielle et le jeu Factorio.

Le parallèle était saisissant :

Code spaghetti vs Monolithe -> Début chaotique avec des rustines partout Lasagna architecture -> Architecture en couches bien organisées Microservices -> Modules spécialisés… avec leurs problèmes d’observabilité !

Julien a exploré l’urbanisation des systèmes, l’Enterprise Service Bus (ESB), et les concepts de scalabilité verticale vs horizontale.

Points marquants :

Les buffers sur les topics Kafka comme les convoyeurs dans Factorio
Le monitoring (on/off, débit) essentiel dans les deux cas
Le firewalling pour protéger ses ressources

Et bien sûr, la philosophie ultime de Factorio qui s’applique parfaitement au développement : “The factory must grow” ! Le vrai problème, c’est que ça donne envie de jouer à Factorio 🙈.

C’était dans quel épisode déjà ? - Bref j’ai indexé une série culte

À 17h50, Tim Carry nous a présenté un side project de dev qui est enfin terminé (:trollface:) : brefsearch.com.

Tim, fan inconditionnel de la série “Bref”, a créé un moteur de recherche pour retrouver n’importe le clip vidéo contenant n’importe quelle réplique de la série.

Quelques concepts techniques et outils évoqués :

yt-dlp pour télécharger les épisodes (CLI avec une DX simple, mais il faut lire la doc pour les cas complexes)
IA speech-to-text via HappyScribe pour la transcription
ffmpeg pour les screenshots et aperçus vidéos
Algolia (API) pour le moteur de recherche + instantSearch
Cloudinary CDN++ pour le redimensionnement et l’optimisation d’images
LQIP (Low Quality Image Placeholder) en 16x9 pixels pour améliorer la sensation de fluidité
Buffer invisible sur le hover (100px) pour précharger les aperçus vidéos

La référence à “Algolia 3000” m’a bien fait sourire !

La citation qui restera :

“Il n’y a pas de side projects abandonnés, il n’y a que des bonnes idées qui attendent le bon moment.”

C’est mignon :)

Vendredi - Jour 2

Karpenter x Keda - le duo gagnant du FinOps

À 9h00, Guillaume Membré et Sébastien Fourreau nous ont parlé d’une migration OVHcloud → AWS avec une stratégie FinOps au cœur du projet.

Le titre m’avait laissé penser qu’il y avait un lien direct entre KEDA et Karpenter, mais en fait les deux outils étaient simplement utilisés conjointement.

Point intéressant, Sébastien a cité un gain de coût substanciel juste en changeant de type d’instances (m5a vs m6a, j’avoue que je ne connais pas le catalogue AWS 😂).

J’ai été un peu surpris (déçu serait trop fort) que les instances spot aient été abandonnées sur les environnements de développement car trop disruptives pour les développeurs, et que la compaction de Karpenter ait été bridée en journée (uniquement du scaling up pendant la journée).

J’imagine qu’il faudra faire une suite pour ce talk, une fois la migration terminée !

Notre talk : Limits, requests, QoS, PriorityClasses

Notre talk du DevFest ! Vendredi à 11h20 en salle Belem, avec Quentin Joly.

Premier talk en duo dans ma courte carrière de speaker, et globalement ça s’est très bien passé ! Nous avons effectivement “balayé ce que vous pensiez savoir sur le scheduling dans Kubernetes” avec des démos qui ont poussé nos clusters dans leurs derniers retranchements, comme promis.

Le bilan honnête :

Salle à moitié pleine (~200-250 personnes), mais public attentif et intéressé, bons feedbacks, chouettes questions
Toutes les démos ont marché, malgré quelques petites frayeurs (non, je n’ai pas de bonne recette de “flans”, Quentin)
Quelques soucis de changement d’écran entre slides et démos (je ne m’étais pas assez entraîné sur le setup de Quentin 🙈)
Des blagues improvisées qui ont plutôt bien marché
Du fayotage de haut vol (les collègues comprendront)
Petit souci de gestion du temps : on a été un peu trop rapides ! À priori ça s’est peu vu. On a fini avec de l’avance, mais heureusement, le public génial nous a posé plein de questions pertinentes

La palme de la session, au-delà des divers retours positifs en direct que nous avons reçus, est qu’à priori nous avons débloqué un incident en cours dans l’entreprise d’un des participants, à l’aide d’un des takeaways que nous avons donnés (impact des cpu.limits sur le P99).

Coup de barre

Je voulais aller voir les talks de Thierry Chantier (TUI) et Stéphane Philippart (JBang), mais je suis arrivé trop tard à l’un, trop vidé pour me déplacer jusqu’à la salle de l’autre.

Les interactions sociales sont hyper intenses pendant ces jours de confs et vident les batteries de tout le monde (même les extravertis, ce que je ne suis pas).

Démêler vrais produits et hallucinations, REX d’un agent téléphonique chercheur de chaussettes

À 16h50, j’ai quand même fait l’effort d’aller voir le talk de Marie Terrier, dont j’avais lu l’abstract lors de ma relecture du CFP de BDX I/O. Il s’agissait d’un REX fascinant sur l’implémentation d’un agent conversationnel “trouveur de chaussettes”.

Marie travaille chez Yelda, un SaaS d’agents vocaux qui existe depuis 7 ans. À l’origine, c’était du NLP classique avec des réponses prégénérées ou avec des “slots” (genre de variables si j’ai compris). En 2022-2023, l’intégration de GPT 3.5 en 2023 comme filet de sécurité pour les questions non prévues a été le début d’un tournant pour son produit.

À l’aide de cette technologie, elle a essayé de construire un produit permettant aux pharmaciens de retrouver par téléphone des produits (bas de contention) aux noms complexes. Problème : passer de 40 produits en proto à 20000 en production avec les limitations techniques de l’époque (tokens, lenteur, hallucinations).

Leur solution : architecture hybride avec RAG + Algolia pour la recherche floue, LLM pour la conversation et un LLM vérificateur. Marie a aussi évoqué les défis UX spécifiques aux agents vocaux (SSML, gestion des interruptions).

Excellent talk qui a su captiver son audience malgré l’heure tardive.

Soirées et networking

En réalité, le DevFest commence un jour plus tôt pour quelques “happy few”. J’avais déjà eu la chance de visiter et faire un tour de manège sur le “Carrousel des Mondes Marins” lors d’une précédente visite de Nantes. J’ai pu réitérer l’expérience grâce aux organisateurs du DevFest qui avaient privatisé le lieu, puis organisé une petite soirée d’accueil.

C’était très sympa, j’ai eu des discussions passionnantes avec plein de gens, mais en particulier avec Kevin Davin, un des tout premiers speakers que j’ai vus en conf à BDX I/O il y a 7 ans maintenant (avant d’être speaker donc).

Le jeudi soir, rebelote, mais ça commençait à tirer un peu 🥳😴. J’ai pu parler avec Fanny, Stéphane, Julien (x3 🙃), mes collègues de Lucca (présents en force), Laurent et d’autres que j’oublie sûrement.

Sur le stand de Lucca, j’ai parlé avec plusieurs collègues plus côté dev / produit, ce que je ne fais pas assez souvent. C’était très instructif :). Et bigup aux TAMs, of course, qui font un travail formidable.

Et dans les couloirs ou en salle speakers, j’ai croisé certains d’entre vous, dont Mathieu, Alexandre, Jérôme, mais aussi Xavier, dont certains avec qui j’avais déjà discuté plusieurs fois, mais jamais rencontré “en vrai”. C’est chose faite !

Un dernier gigantesque MERCI aux organisateurs du DevFest, qui nous ont chouchouté et concocté une très chouette édition.

See you next time.